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THÉATRE

que nous pesions tout cela. Votre dessein me sourit extrêmement. Maintenant, allez à vos affaires et illuminez pour que tout ait un petit air de fête ; après quoi nous nous occuperons de notre réunion édifiante, mon cher Engstrand ; car, à présent, je vous crois vraiment dans de bonnes dispositions.

engstrand. — Il me semble aussi. Alors, adieu, madame, et merci pour vos bontés ; et gardez-moi bien Régine (il essuie une larme), l’enfant de feue Jeanne… hm, c’est singulier… mais, c’est tout comme si elle m’avait poussé des racines dans le cœur. Ah, bien vrai, oui !

(Il salue et sort par la porte du vestibule.)

le pasteur. — Eh bien ! Que dites-vous de cet homme, madame Alving ? L’explication qu’il nous a donnée diffère un peu de la vôtre…

madame alving. — En effet.

le pasteur. — Vous voyez combien il faut prendre garde de porter un jugement sur son prochain. Mais quelle joie aussi dans le fait de reconnaître qu’on a eu tort ! Ne le pensez-vous pas ?

madame alving. — Je pense que vous êtes et resterez toujours un grand enfant, Manders.

le pasteur. — Moi ?

madame alving, posant ses deux mains sur les épaules du pasteur. — Et j’ajoute que j’ai une grande envie de vous jeter les deux bras autour du cou.