Page:Ibsen - Les Revenants, La Maison de poupée, trad. Prozor, 1892.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
THÉATRE

engstrand. — Bon Jésus, comme tu parles, Régine ! (Il fait quelques pas en boitant.) Ecoute, je voulais te dire…

régine. — Dis donc, l’homme, ne fais pas tant de bruit avec le pied ! Le jeune maître est là-haut qui dort, juste au-dessus de nous.

engstrand. — Il dort encore, à l’heure qu’il est ? En plein jour ?

régine. — Cela ne te regarde pas.

engstrand. — J’ai été à une fière noce, hier au soir.

régine. — Je le crois sans peine.

engstrand. — Ah ! vois-tu, mon enfant, on est homme, on est faible…

régine. — Ça, c’est bien vrai.

engstrand. — … et les tentations sont légion dans ce bas monde. Et pourtant, Dieu sait que j’étais déjà à mon travail, ce matin, à cinq heures et demie.

régine. — C’est bien, c’est bien. Si tu t’en allais maintenant ? Je ne veux pas me tenir là, en rendez-vous[1] avec toi.

engstrand. — Comment dis-tu ? Tu ne veux pas quoi ? je n’ai pas bien saisi.

  1. L’expression rendez-vous est en français dans l’original. Dans la bouche de Régine, il dénote certaines prétentions qui se révèlent encore plusieurs fois dans la suite. Les expressions françaises sont soulignées dans la traduction.