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THÉATRE

Tonnesen ? M. Bernick leur a fait clairement savoir, l’an dernier, qu’il n’en voulait pas de leur chemin de fer.

HILMAR. — Oui, c’est vrai ; mais Krapp vient de me raconter que cette histoire est revenue sur le tapis. En ce moment Bernick est en conférence avec trois financiers de la ville.

MADAME RUMMEL. — Oui, il m’a semblé que j’avais entendu la voix de mon mari.

HILMAR. — Naturellement M. Rummel est là, avec M. Sandstad et M. Michel Wiegeland, celui que l’on appelle ordinairement Saint-Michel.

RORLUND. — Hum !

HILMAR. — Je vous demande pardon, monsieur le vicaire.

MADAME BERNICK. — Nous étions si tranquilles !

HILMAR. — Quant à moi je ne vois pas d’inconvénient à ce que l’on reprenne cette question des chemins de fer ; ce sera, au moins, une distraction.

RORLUND. — On se passerait bien des distractions de ce genre.

HILMAR. — Ce dépend des caractères. Il y a des gens qui ont besoin de se dépenser en des combats excitants. La vie d’une petite ville en offre rarement l’occasion ; et il n’est pas donné à tout le monde… (Il feuillette le livre du vicaire.) « La femme servante dans la société. » Quelle est cette sottise ?

MADAME BERNICK. — Mon Dieu, Hilmar, ne parle pas ainsi. Tu n’as certainement pas lu ce livre.

HILMAR. — Non, grâce au Ciel !

MADAME BERNICK. — Tu n’es pas très bien portant aujourd’hui.