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Page:Ibsen - Peer Gynt, trad. Prozor, 1899.djvu/161

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PEER GYNT
EBERKOPF

Mais qu’est-ce donc, à vrai dire, que ce soi-même dont vous nous parlez, le soi-même gyntien ?

PEER GYNT

C’est le monde que je porte sous mon crâne et qui fait que je ne suis pas un autre, tout comme Dieu n’est pas le diable.

TROMPETERSTRALHE

Ah ! je vois où vous vous voulez en venir !

BALLON

Quel sublime penseur !

EBERKOPF

Et quel grand poète !

PEER GYNT (s’exaltant)

Le soi-même gyntien, c’est la foule armée des convoitises, des désirs, des passions, — le soi-même gyntien c’est le flot des fantaisies, des exigences, des droits, — c’est tout ce qui gonfle ma poitrine et me fait vivre de ma vie à moi. Et comme Dieu a eu besoin de limon pour devenir maître du monde, j’ai besoin d’or pour devenir empereur.

BALLON

Besoin d’or. Mais vous en avez !