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Page:Ibsen - Peer Gynt, trad. Prozor, 1899.djvu/160

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ACTE IV
PEER GYNT

Je veux être empereur.

TOUS LES QUATRE

Vous dites… ?

PEER GYNT (hochant la tête)

Empereur !

TOUS LES QUATRE

De quoi ?

PEER GYNT

Du monde.

BALLON

Comment cela, mon ami.

PEER GYNT

Par la toute-puissance de l’or ! Cette idée ne date pas d’aujourd’hui. Elle m’a soutenu, dans toutes mes entreprises. Enfant, mes rêves m’emportaient sur un nuage, et je planais au-dessus des mers. Avant de pouvoir me tenir sur mes jambes, je rêvais déjà de sceptres et de manteaux. Je trébuchais, mais l’idée tenait ferme. N’est-il pas écrit quelque part, je ne sais plus où : « Si tu as conquis le monde, mais que tu te perdes toi-même, ton gain n’est qu’un laurier couronnant un crâne vide ? » C’est bien cela, ou à peu près, et ce ne sont point là de vaines paroles.