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ACTE IV

fraîche pluie descendra des nuages, et les palmiers se balanceront autour des villages populeux. Plus loin, au sud du Sahara, s’étendront des provinces maritimes, berceau d’une nouvelle culture. La vapeur animera les usines de Tombouctou. Bornou sera colonisé du jour au lendemain, sans risque aucun ; l’explorateur montera en wagon et se laissera emporter vers le haut Nil, à travers le pays de Gabés. Sur un riche oasis, au milieu de mon Océan, j’introduirai la race norvégienne. Le peuple d’Hallingdal est presque de sang royal ; un croisement arabe fera le reste. En amphithéâtre, au-dessus d’une baie, je bâtirai Peeropolis, ma capitale. Le monde a fait son temps : une nouvelle ère commence : celle de la Gyntianie, de ma terre naissante ! (Bondissant.) Des capitaux, et la chose est faite ! Il me faut une clef d’or pour ouvrir les écluses ! En guerre contre la mort ! Forçons l’infâme grippe-sou à livrer le trésor captif ! Un souffle de liberté traverse tous les peuples. Comme l’âne dans l’arche, je pousserai un braiement qui retentira dans le monde entier. Et j’apporterai le baptême de leur affranchissement à ces côtes superbes arrachées au néant qui les emprisonne. En avant ! À moi les capitaux de l’Orient et de l’Occident ! Mon royaume, — ou plutôt la moitié de mon royaume pour un cheval ! (Le cheval hennit.) Un cheval ! Des habits ! Des parures ! Des armes !