Aller au contenu

Page:Ibsen - Peer Gynt, trad. Prozor, 1899.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
157
ACTE IV
PEER GYNT

Ce que je veux ? Jouer à l’aigle et à la colombe ! T’enlever ! Faire des folies !

ANITRA

N’as-tu pas honte ? Un vieux Prophète !…

PEER GYNT

Ah ! bast ! il n’est pas vieux, le Prophète, et tu n’es qu’une sotte. Est-ce là un signe de vieillesse ?

ANITRA

Lâche-moi ! Je veux rentrer !

PEER GYNT

Coquette ! Tu veux rentrer ? Vraiment ? Chez qui ? Chez papa ? De libres oiseaux comme nous, échappés de leur cage, n’y rentrent jamais. Et puis, mon enfant, il ne faut pas s’éterniser dans un endroit. On finit par perdre en estime ce qu’on gagne en relations, surtout si l’on se présente en prophète. Il était vraiment temps que cela finît. Ces fils du désert ont des âmes vaillantes. Encens et prières commençaient à manquer.

ANITRA

Oui, mais est-ce vrai que tu sois prophète ?

PEER GYNT

Je suis ton empereur ! (Il veut l’embrasser.) Eh ! eh ! voyez comme elle se rengorge, la petite linotte !