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Page:Ibsen - Peer Gynt, trad. Prozor, 1899.djvu/25

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XVIII
PRÉFACE

manière, qui sont mi-parties de vers et de prose. Cette forme n’est donc pas étrangère à son génie, pas plus qu’elle ne l’est à la verve indépendante des grands satiriques de la Renaissance française, dont l’inspiration ne fut pas, je l’ai dit, sans quelque analogie avec celle qui enfanta Peer Gynt. Ces exemples étant donnés, je n’ai pas craint de traduire en vers les passages du drame destinés à être mis en musique et ceux qui sont marqués d’un rythme spécial, soit qu’ils doivent être déclamés, soit que Peer y laisse déborder l’inspiration lyrique ou la fantaisie à la fois visionnaire et mystificatrice qui est au fond de sa déconcertante nature.

Je tiens à mentionner spécialement un tableau où cette fantaisie fait murmurer à ses oreilles des voix mystérieuses venant des feuilles mortes, du vent soufflant dans les branches, des gouttes de rosée et, enfin, de petites pelotes qu’il croit voir rouler devant lui (l’idée est tirée d’un mythe populaire ayant servi de point de départ à la féerie d’Ibsen). Ces murmures s’ordonnent chaque fois en des strophes de huit vers, alternativement dimètres et trimètres, dont les dactyles et les spondées, ingénieusement combinés, produisent un effet de souffle