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XXIII
PRÉFACE

que son ombre ne tombe pas sur elles. Hélas ! j’ai bien des gaucheries à avouer sous ce rapport. Mais du moins en suis-je confus et ne songé-je pas à en tirer vanité. Tout ce que je souhaite, encore une fois, c’est qu’en présentant aussi fidèlement que je puis une œuvre comme Peer Gynt, il me soit donné de contribuer pour une faible part au réveil de l’esprit auquel cette œuvre est due. Fait de force et de santé, aussi capable d’observer que de créer, arrivant à la source des travers humains, et l’éclairant par une satire enflammée, mais sachant aussi trouver la source des belles énergies, de l’imagination, de la verve, de la vie poétique et la faisant jaillir avec une intarissable profusion, tel est cet esprit, qui est celui des peuples jeunes ou renaissants. De tout côté on entend des appels à la vigueur, à la santé. La meilleure manière de les entretenir en soi est de fréquenter ceux qui les possèdent. Les sociétés y trouvent leur profit aussi bien que les individus. Voilà pourquoi ceux qui font profession de nous guérir de l’anémie et de l’épuisement devraient s’intéresser tout spécialement à Peer Gynt, qui, je l’ai déjà dit, diffère des autres drames d’Ibsen en ce qu’il est moins l’œuvre d’un homme, que l’œuvre