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Page:Ibsen - Peer Gynt, trad. Prozor, 1899.djvu/58

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ACTE PREMIER

de beaux morceaux de chair tendre, sans compter les veuves.

PEER GYNT

Que le diable… !

ASLAK

Il s’en trouvera bien une qui voudra de toi, — Bonsoir ! Je vais saluer la mariée de ta part.

(Ils s’en vont riant et parlant à mi-voix.)

PEER GYNT (les suit des yeux un instant, hausse les épaules et se détourne à demi)

Qu’elle épouse qui elle veut, la fille de Hægstad. Je m’en moque, (Il s’examine.) La culotte ? Une vraie guenille. Si seulement j’en avais une de rechange ! (Frappant du pied.) Ah ! Le mépris de ces hommes ! Comme je prendrais un couteau de boucher pour leur extraire tout ce mépris du ventre ! (Regardant tout à coup derrière lui.) Qui est là ? Quelqu’un qui se moque de moi ? — Non, personne. — Je vais rentrer chez mère. (Il fait quelques pas en remontant la colline, mais s’arrête et tend l’oreille du côté d’Hægstad.) Ça grouille de filles ! Sept ou huit par homme ! Ah ! massacre et malheur, il faut que j’en sois ! — Oui, mais mère que j’ai laissée perchée sur le toit du moulin ? (Malgré lui il regarde de nouveau du côté d’Hægstad et se met à rire et à sauter.) Haïe donc ! voici la danse[1]

  1. Dans l’original, l’Halling (danse du Hallingdal), la bourrée norvégienne.