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Page:Ibsen - Peer Gynt, trad. Prozor, 1899.djvu/84

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ACTE II

(Se tournant vers Solveig.) Oui, est-ce seulement concevable ? Lui qui ne savait que mentir et inventer des contes, — lui qui n’était fort qu’en paroles et n’a jamais rien fait qui vaille, lui ! Vraiment on ne sait si l’on doit rire ou pleurer ! — Ah ! nous avons été unis dans l’heur et le malheur. Car il te faut savoir que mon homme ne faisait que boire et vagabonder à travers la commune. En folies, en sottises, il a dissipé tout notre avoir. Et pendant ce temps je gardais le logis avec mon petit Peer. Tout ce que nous pouvions, c’était de ne pas y songer. Car, pour résister vraiment, le courage m’a toujours manqué. Je n’ai jamais pu regarder le sort en face : C’est trop horrible. Et puis, on est bien aise de secouer son chagrin et d’éloigner ses pensées. Tout est bon pour cela : l’un se sert de l’eau-de-vie, l’autre du mensonge. Ah ! oui ! c’est ainsi que nous avions recours aux contes, aux histoires de princes, de trolls et de bêtes. Et aussi de mariées enlevées. Mais qui aurait pu prévoir que toutes ces inventions du diable lui feraient tourner la tête ? (Reprise par l’angoisse.) Ah ! Qu’était-ce que ce cri ? Bien sûr, une nixe ou un vampire ! Peer ! Peer ! — Là, là, sur cette hauteur ! — (Elle court sur une petite élévation et regarde par-dessus l’eau. Les parents de Solveig la rejoignent.)

AASE

On ne voit rien !