Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Krogstad.

Oui. Et l’entrevue doit nécessairement avoir lieu ici.

Madame Linde.

Je ne pouvais vous recevoir chez moi. Je n’ai pas d’entrée particulière… Venez, nous serons seuls. Les Helmer sont au bal au second.

Krogstad, entrant.

Bah ! bah ! Les Helmer dansent cette nuit ! Mais est-ce bien vrai ?

Madame Linde.

Qu’y a-t-il d’étonnant ?

Krogstad.

Rien.

Madame Linde.

Voyons, Krogstad. Nous avons à causer.

Krogstad.

Nous deux ? Que pourrions-nous nous dire encore ?

Madame Linde.

Bien des choses.

Krogstad.

Je ne l’aurais pas cru.

Madame Linde.

C’est que vous ne m’avez jamais bien comprise.

Krogstad.

La chose n’était pas difficile à comprendre. Une femme sans cœur éconduit un homme quand un parti plus avantageux se présente.

Madame Linde.

Me croyez-vous donc tout à fait dépourvue de cœur. Croyez-vous aussi que la rupture ne m’a rien coûté ?

Krogstad.

Sans doute.