Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/140

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Madame Linde.

Excusez-moi, j’avais tant envie de voir Nora habillée.

Nora.

Tu m’as attendue ici tout le temps.

Madame Linde.

Oui, malheureusement je suis arrivée trop tard. Tu étais déjà montée et je n’ai pas voulu m’en aller sans te voir.

Helmer, enlevant le châle de Nora.

Alors, regardez-la bien. Il me semble qu’elle en vaut la peine. Est-elle jolie, n’est-il pas vrai, madame Linde ?

Madame Linde.

Vraiment jolie.

Helmer.

Merveilleusement. N’est-il pas vrai ? C’était aussi l’opinion de tout le monde là-haut. Mais que ce cher petit être est têtu. Vous ne pourriez pas croire qu’il m’a fallu presque employer la force pour l’emmener du bal.

Nora.

Ah ! Torvald. Tu regretteras de ne m’avoir pas accordé une heure de plus.

Helmer.

Figurez-vous, madame, elle danse la tarentelle. Elle a un succès fou et bien mérité, quoique peut-être elle y ait mis trop de naturel, je veux dire un peu plus que ne le voulait strictement les exigences de l’art. Mais enfin le principal, c’est qu’elle a eu du succès, un succès colossal. Devais-je la laisser là-haut ensuite. C’était diminuer l’effet. C’est à cela que je pensais. J’ai pris par le bras ma belle fille de Capri, ma fillette capricieuse, pourrais-je dire. Vite un tour de salon, salut à droite et à gauche et comme dans les romans la belle apparition disparut. Dans les dénouements, il faut toujours