Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/156

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Nora, calme et froide.

Oui.

Helmer.

Tout cela est si incroyable que je n’en reviens pas. Mais il faut prendre un parti… Enlève ce domino, enlève, te dis-je… Il faut que je le contente d’une façon ou d’une autre. Il faut étouffer la chose à tout prix. Pour nous, que ce soit comme si rien n’était changé, bien entendu je ne parle que des apparences. En conséquence, tu continueras à vivre ici, cela va sans dire, mais il te sera interdit d’élever tes enfants. Je n’ose pas te les confier. Ah ! être obligé de parler ainsi à celle que j’ai tant aimée et qui encore… Enfin c’est du passé, c’est sans remède ; à l’avenir il ne faut plus penser au bonheur, mais uniquement à sauver des débris, des ruines, des apparences…

On sonne à la porte au dehors.
Helmer, tressaillant.

Qu’est-ce ?… Si tard… Malédiction ! Serait-ce déjà ?… Cet homme aurait-il ?… Cache-toi, Nora… Dis que tu es malade.

Nora ne bouge pas, Helmer va ouvrir la porte.



Scène XV

NORA, HELMER, LA FEMME DE CHAMBRE.
La femme de chambre, à demi vêtue, sur la porte de l’antichambre.

Une lettre pour Madame.

Helmer.

Donnez-la moi.

Il prend la lettre et ferme la porte.