Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Nora.

Je vais te dire ; c’est papa qui nous l’a donnée.

Madame Linde.

Ah ! bon ! si je ne me trompe, ce fut précisément alors que mourut ton père.

Nora.

Oui, Christine, justement alors et, pense, je ne pus aller le soigner. J’attendais d’un jour à l’autre la naissance d’Ivar. Le pauvre Torvald était moribond et avait besoin de mes soins. Mon bon cher père… Je ne l’ai pas revu. Oh ! c’est la peine la plus cruelle que j’ai eu à souffrir depuis mon mariage.

Madame Linde.

Je le sais, tu l’aimais beaucoup… De sorte que vous êtes allés en Italie.

Nora.

Oui, nous avions l’argent, et les médecins étaient pressants. Nous sommes partis un mois après.

Madame Linde.

Et ton mari en est revenu entièrement guéri ?

Nora.

Il se portait comme un charme.

Madame Linde.

Et… ce médecin.

Nora.

Que veux-tu dire ?

Madame Linde.

Je me souviens que la femme de chambre a salué du nom de docteur un monsieur qu’elle a fait entrer en même temps que moi.

Nora.

Oui, le docteur Rank… Ce n’est pas comme médecin