Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/71

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Nora.

Je le sais.

Krogstad.

Alors, vous êtes au courant. Je me le figurais bien. Allons, permettez-moi de vous demander si madame Linde va avoir une place à la banque ?

Nora.

Comment osez-vous me demander cela ? Vous qui êtes un des subordonnés de mon mari… Mais, puisque vous me le demandez, je vous le dirai… Oui, madame Linde aura une place à la banque et elle l’aura grâce à moi, monsieur Krogstad. Maintenant vous voilà renseigné.

Krogstad.

J’ai deviné juste.

Nora, se promenant.

Mon Dieu ! On a sa petite influence. Quoi qu’on ne soit qu’une femme, cela ne veut pas dire que… Quand on occupe une situation subalterne, monsieur Krogstad, il faut faire attention de ne pas blesser une personne qui… hum !…

Krogstad.

Qui a de l’influence…

Nora.

Une assez grande.

Krogstad, changeant de ton.

Madame, auriez-vous la bonté d’employer votre influence en ma faveur ?

Nora.

Comment ? Que veut dire ?

Krogstad.

Voudriez-vous avoir la bonté d’agir pour que je conserve mon poste modeste à la banque ?