Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/72

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Nora.

Que voulez-vous dire ? Qui pense à vous l’enlever ?

Krogstad.

Oh ! il est inutile de dissimuler. Je comprends fort bien que votre amie n’aime pas se rencontrer avec moi, et maintenant je sais à qui je dois ma mise à pied.

Nora.

Mais je vous assure.

Krogstad.

Bref en deux mots ; il est encore temps et je vous conseille d’user de votre influence pour l’empêcher.

Nora.

Mais je n’ai pas d’influence, monsieur Krogstad.

Krogstad.

Comment ? Il y a un moment vous me disiez…

Nora.

Évidemment pas dans ce sens. Comment pouvez-vous croire que j’ai un pareil pouvoir sur mon mari ?

Krogstad.

Oh ! je connais votre mari, depuis que nous avons été étudiants ensemble. Et je ne crois pas que M. le directeur de la banque soit plus ferme que les autres gens mariés.

Nora.

Si vous parlez avec dédain de mon mari. Je vous mets à la porte.

Krogstad.

Madame est belliqueuse.

Nora.

Je ne vous crains pas. Après le Nouvel An, il ne s’écoulera pas longtemps que je ne sois affranchie.

Krogstad, il se domine.

Écoutez-moi bien, madame. S’il le faut, je combattrai