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BRASSÉE DE FAITS

agitant ses jolies jambes. Elle se releva tout d’un coup :

— Tiens, tu ne sais pas… Ce n’est pas comme cela qu’on fouette. Il faut claquer vite et puis fort, fort. Et puis, ce n’est pas par-dessus le pantalon.

La phrase dernière, elle l’a lancée sur un ton plus bas, mais nos regards se sont croisés et, son œil brillant, je l’ai vu plus brillant encore, d’une émotion dont, toute ignorante et naïve que je suis, je discerne vaguement la perversité…

Et ma vertu effrayée se cabre.

Mais, Jeanne a lu dans mon regard ma réprobation, elle reprend sa place sur sa chaise devant la table et la leçon se poursuit.

Le lendemain, c’est chez elle. Je la vois agitée, comme elle l’a été toute la journée, à l’école, assise à mon côté. Elle me regarde, puis baisse les yeux. Je devine qu’elle voudrait me dire quelque chose et qu’elle n’ose pas. Par moments, en écrivant, elle sourit, son œil s’aiguise de je ne sais quelle malice. Elle ne doit guère penser à ce qu’elle écrit.

Je m’en doutais bien ! Son devoir d’arithmétique est idiot. Je le lui dis, elle rit.

— C’est ta faute ! Si tu me fouettais, tu verrais comme ce serait mieux.

Je ris aussi. Cela l’enhardit, elle continue et alors, je ne sais pourquoi, résolue à l’écouter jusqu’au bout, je la laisse aller.

Elle me parle de sa tante, qui la fouette bien mieux