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BRASSÉE DE FAITS

Après sept heures, sa mère monte et interrompt brusquement les récits de Jeanne.

C’est dommage. J’y prenais intérêt.

J’y pense, après dîner et dans mon lit encore. À force d’y penser, en moi germe l’idée de corriger l’élève rétive qu’est ma petite amie à la façon qu’elle se sait profitable. Si c’est là le seul moyen de la faire travailler, je l’emploierai donc. La future pédagogue qui éclot en moi, et qui adore enseigner à de plus ignorantes ce qu’elle croit savoir, est très flattée au fond que, déjà, on lui trouve l’autorité nécessaire pour inspirer le goût de l’étude aux élèves arriérées.

En tout cas, c’est dans un but hautement moral que je me résoudrai, à me montrer sévère. Mais, pourquoi, pourquoi, dans le tréfonds de ma conscience une voix m’intime-t-elle de ne parler de rien à maman ?

Hélas ! le lendemain, chez nous, rien. Maman est là. Sa meilleure cliente, la comtesse, lui a demandé par télégramme de vouloir bien remettre la leçon qui sera payée quand même.

Le surlendemain, c’est à l’entresol au dessus de la mercerie que nous nous installons, à cinq heures dix. On y accède, de la boutique, par un escalier en colimaçon dont l’entrée est dans l’arrière-boutique. Mais, de celle-ci, petite pièce carrée donnant sur la cour et dont les merciers ont fait la salle à manger, la porte ouvrant sur la boutique est fermée.