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Page:Icy - Brassée de faits, 1926.djvu/148

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BRASSÉE DE FAITS

bien, nous nous embrassons. Même, la voilà qui pleure de grosses larmes, qu’elle ne pense pas à essuyer.

Je lui raconte mon histoire :

J’étais heureuse, ayant un bon ami que m’avait fait connaître Louise et qui me donnait tout ce que je voulais.

Et des fessées, oui, par dessus le marché ; cela, je le garde pour moi, je n’entre pas dans ces détails qui ne la regardent pas.

Elle me laissait aller. Elle paraissait contente. Je me disais : cela va, cela se passe mieux que je ne l’espérais.

Et je continuais.

Quand j’ai eu fini, je m’arrête. Elle se lève, elle sert des petits verres. Trois, et la bouteille de Raspail. Je ris : c’est donc toujours cela qu’elle aime ? Je lui en apporterai. Avec une belle pipe d’écume pour papa. Mon ami en est fabricant.

Mais pourquoi, trois petits verres ? me dis-je. Nous ne sommes que deux.

Elle s’absente une minute, revient avec la mère Emeri Toujours la même, elle n’a pas changé, la mère Emeri.

On cause gentiment, je dévide mes petites histoires, que je recommence. Je leur parle de mon bien-être, de mon intérieur, de mon lit de cuivre, de mon mobilier de Mapple. J’ai un piano. Je n’en joue pas, c’est pour garnir. Cela fait riche.

Maman ne disait rien. J’avais fini pour le moment, la voilà qui se lève :

— Mais, ce n’est pas tout ça… À nous deux, à présent…