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L’AUTRE CLOCHE

Et la voilà qui me saute sur le poil, comme autrefois, comme quatre ans auparavant. Elle m’attrape de la même façon et, avec moi dans ses bras, bien agrippée, elle se rassied, m’étend sur ses genoux, retrousse ma robe en surah de chez Paquin, comme elle retroussait jadis ma petite jupe de coton à treize sous le mètre, et me déculotte en cinq secs…

Et alors, mon pantalon de quinze louis rabattu, je reçois une fessée, mais une fessée !… je croyais que chaque claque m’enlevait la peau de la fesse sur laquelle c’était tombé.

Et cela dure longtemps… tellement que moi, pour le coup, je chialais, je chialais et je gueulais, je gueulais !

Et la mère Emeri rigolait, rigolait, et maman claquait, claquait, jusqu’à ce que ce soit assez, à son idée. Alors, elle me plante sur mes pieds, me met dans la main mon toquet en lophophore de chez Lewis, que j’avais enlevé pour le leur montrer, et, ouvrant la porte, me pousse sur le carré d’un grand coup de pied quelque part.

— Allons, ouste ! et que je ne te revoie plus, salope ! choléra ! fumier !

Et tout le long de l’escalier que je descends en vitesse depuis son cinquième, j’entends les portes qui s’ouvrent et les voisines, dont la plupart ont entendu l’éclat de ma fessée, approuvent avec ensemble la potée d’horreurs qui, accompagnant ma déroute, me dégoulinent sur la cafetière, par-dessus la rampe.

Eh bien ! avec elle, Camille, la chose ne s’est sûrement pas passée comme cela, parce que sa famille appar-