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BRASSÉE DE FAITS

ménagère chez des voisins avec qui elle était en froid. D’où colère, qu’augmentait le rappel d’autres griefs et qui, en l’absence de la coupable se traduisit par la promesse énoncée en mots peu nombreux, mais fort crûs, d’une fessée particulièrement soignée.

Il y avait là, outre la jeune Rose, une voisine, la mère Bénard, qui, demeurant porte à porte, venait parfois se délasser un instant chez madame Trinquet, en taillant une bavette.

Sitôt arrivée, Marthe, brusquement empoignée, était hissée sous l’autre bras maternel. En un instant, mise dans la posture favorable, la forte gosse, retroussée, déculottée, mettait sa mère en présence de la bonne paire de fesses souvent aperçue en tel apparat, mais qui, cette fois, portait indéniablement la marque d’une claquée récente. Et d’une claquée qui n’avait pas été piquée des vers.

Surséant à l’opération devant l’aspect inattendu du derrière filial, rougi par places et tuméfié — d’avance pour ainsi dire — la mère retint sa main qui, déjà, s’élargissait, les doigts étendus, et procéda à l’examen qui s’imposait. Rose déclarait se rappeler à présent la scène comme si c’eut été la veille. Elle revoyait, dans la grande salle carrelée, aux murs blanchis, à la chaux, la robuste maman, debout, face à la porte grande ouverte, le pied gauche posé sur la paille d’une chaise basse, retenant, jetée en travers sur sa cuisse, Marthe quasi immobile, la robe relevée, une robe d’indienne bleue à fleurettes blanches, et sa culotte de cotonnade rabattue au bas des