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BRASSÉE DE FAITS

— Entrez !

C’est la femme de ménage qui apporte deux assiettes de gâteaux. Ma Jane me sait gourmande. Ce sont des tartes aux fruits, celles que j’adore. Aux pêches, aux abricots, aux fraises.

Aurélie, dont on n’avait pas entendu le retour avec ses emplettes, me paraît dessalée. Elle me reluque en riant de l’œil. Pour ne pas percevoir le retentissement de ma fessée, il aurait fallu qu’elle fût sourde.

Elle était peut-être bien derrière la porte. Sans doute, elle nous zyeutait par le trou de la serrure.

Elle pose les gâteaux sur la petite table, comme si de rien n’était. Ce n’est pas la première fois, probablement, qu’elle en a entendu et vu autant, Aurélie, depuis trois ans au service de l’enragée fesseuse de poules.

Sans rien dire, elle ramasse la verge qui traîne au pied du lit. Elle la place obligeamment sur le couvre-pied, à portée de madame.

La brave Aurélie qui à l’œil — et le bon — en a dû remarquer les débris jonchant la peau d’ours. Et puis, elle est pas mal endommagée, la verge. Il n’en reste guère, elle a servi, c’est visible. Elle est déplumée, il lui en manque des brins à cette verge, hier matin toute neuve et qui par ses soins a trempé tout le jour sur l’ordre de madame. Ce lamentable état de la verge doit lui inspirer bonne opinion de mes fesses, j’imagine.

Aussi, pendant que madame lui parle pour le déjeuner qu’elle descendra commander, chez le traiteur d’en bas, un as, qui vous fignole des menus à la hauteur, elle m’examine et moi, je ris, en mordant dans ma première