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LA COUSINE JANE

tarte. Aurélie a quarante ans : n’importe, cela me gêne et je dois être un peu rouge. De figure, veux-je dire ; car des fesses, c’est hors de question.

Elle me trouve jolie, cela, je n’en doute pas ; mais, ses yeux, en clignant, vont de madame à son invitée. Elle a positivement l’air d’approuver la patronne, qui ne s’embête pas d’ordinaire, d’avoir fait un bon choix en ma personne. Peut-être voudrait-elle être à sa place ? elle ne demanderait peut-être pas mieux que de l’imiter et, par le moyen de la fessée, d’inculquer les bonnes manières à la jeunesse ?

Quand, à quatre heures, on arrive rue Coquillière, avec une langouste monstre et une bouteille de Pomard, les auteurs de mes jours s’exclament sur ma mine superbe. Qui ne l’aurait à moins ? Le nécessaire a été fait pour que mon sang circule avec une ardeur inconnue encore. Là se reconnaît, sans contestation possible, l’effet souverain des généreuses fessées que préconise la cousine. Cela enfonce les pilules fameuses que je ne nomme pas. Mieux que ce remède célèbre, cela, pour parler comme la réclame du quotidien, en quatrième page, « stimule les fonctions organiques, de telle sorte que les forces étant continuellement entretenues, la formation s’accomplit sous les meilleurs auspices. La voilà, la plus efficace des cures de l’anémie, de la chlorose, de la neurasthénie, de l’affaiblissement général et des troubles consécutifs. »

Mais, vrai, j’ai eu quelque scrupule à embrasser maman. J’ai rougi, oui, j’ai rougi de poser sur les joues maternelles mes lèvres plus sanguines que jamais…