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BRASSÉE DE FAITS

dix années entières et négligeons les puériles idylles de ces garnements avec de petites Parisiennes, dessalées autant qu’eux. Ne rejoignons les deux héros mâles de notre histoire que lorsque, la robe prétexte revêtue, ils auront atteint dix-huit ans.

Dix-huit ans ! L’âge heureux par excellence, au dire de tous les hommes — ou à peu près. Eux seuls, en effet, en gardent bon souvenir et, pour les femmes, l’âge heureux ne sonne que plus tard.

Pour nous autres, les messieurs, n’est-ce pas le meilleur temps ? L’on est déjà un homme, on agit, on se comporte comme tel, quoique encore trop jeune pour assumer les conséquences d’une émancipation le plus souvent accomplie à cet âge.

Paul et Pierre, à dix-huit ans, ne comptaient plus leurs bonnes fortunes. Volages, ils en avaient eu un nombre flatteur. Employés de commerce, tous deux, dans le quartier du Sentier, chez des commissionnaires différents, ils choisissaient leurs conquêtes plus encore parmi les jeunes employées que parmi les jeunes ouvrières qui fourmillent presque autant dans le voisinage. C’étaient les amies de leurs amies et, grâce à chacune d’entre elles, ils faisaient vite connaissance de quelques autres.

Or, de toutes les gentes demoiselles parmi lesquelles évoluaient avec aisance les aimables conquérants, il n’en fut pas une seule qui ne reçut les petites fessées de rigueur de l’un ou de l’autre, et même de l’un et de l’autre. Car fraternels, ils mettaient en commun leur