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BRASSÉE DE FAITS

nature ne sont vraiment intéressants que recueillis de ceux qui vécurent personnellement les faits relatés.

Voici, par exemple, quelques souvenirs d’enfance de la brune Estelle.

Disons, tout d’abord, que si elle a vu le jour en Savoie il semble que ce soit uniquement pour démentir le mot cruel de Michelet qui, dans la préface de son Voyage en Italie, parlait en propres termes de la laideur savoyarde.

Or, Estelle est plus que jolie, elle est exquise.

Elle avait onze ans. Un jeudi, sortant du catéchisme avec les autres enfants du pays, filles et garçons, elle fut témoin oculaire d’une fessée infligée par le curé à un garçon d’une douzaine d’années, coupable de s’être mal tenu dans la chapelle.

La correction lui fut administrée sous le porche, en dehors de l’église, au vu non seulement des vingt-cinq enfants du catéchisme, mais encore de plusieurs mamans et grandes jeunes filles, demeurant sur la petite place et qui sortirent de chez elles avec empressement.

— Oh ! qu’est-ce qu’il prit comme fessée, le petit Rousseau ! Qu’est-ce qu’il prit !

C’est ainsi que s’exprime Estelle sur le compte de l’exemplaire correction administrée par le curé, un vigoureux gaillard de trente cinq ans qui tenait sous son bras, gigotant furieusement, le gamin déculotté. Ses fesses, une bonne paire, dit-elle, à l’air vif d’un frais matin de mars, étaient à la fin d’un rouge violet, amplement claquées à tour de bras.