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BRASSÉE DE FAITS

maman, il ne fut jamais question pour moi de recevoir une fessée de l’un ou de l’autre, mais je crois que je n’entendis jamais prononcer par eux ce mot. Pour être inspecteur dans un magasin comme celui-là, il faut avoir une tenue hors ligne. Du matin au soir, il veillait à celle du personnel et aussi à la tenue de la clientèle se composant de pas mal de grues. La conscience de son rôle augmentait sa roideur naturelle. Chez nous, il n’enlevait son faux-col que pour se coucher. Même en veston pour dîner, on l’aurait crû toujours en redingote et l’on cherchait sa cravate blanche qui était de règle dans ses fonctions, mais que tout de même il remplaçait, sa journée finie.

Un ami qui venait souvent lui disait qu’il avait l’air d’avoir avalé sa canne, tellement il se tenait droit. Grand comme il l’était, il représentait. Du reste, les inspecteurs sont choisis : ne l’est pas qui veut. Il en faut de la prestance ! Aussi, maman en pinçait : cela se voyait, qu’elle en était fière. Ce sont de beaux hommes, les inspecteurs ! et il n’y a que les ordonnateurs des pompes funèbres qui soient aussi réputés. S’il l’avait voulu, papa, c’est tous les jours qu’il aurait fait un levage et maman à qui il l’avait dit s’alarmait de le savoir parmi tant de poules dont la plupart en mal d’amour.

Pour en revenir à la fessée, pas plus à l’école qu’à la maison. Et n’ayant pas les idées portées là-dessus, je n’abordais pas ce sujet avec les camarades. Il s’en trouvait, sans aucun doute, qui la recevaient chez elles ; mais