Aller au contenu

Page:Icy - Brassée de faits, 1926.djvu/314

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
306
CORRESPONDANCE

ainsi, et c’est alors que j’entendis celle qui pétrissait la croupe palpitante me dire :

— Tu voudrais qu’on t’en fasse autant, dis ? Ça te fait envie ? tu voudrais qu’on te claque aussi sur les fesses ?…

Je n’en écoutai pas davantage. Je ne sais quel effroi m’envahit, quel sursaut pudique me rejeta en arrière. En proie à un désarroi total, je m’en fus, affolée, comme si je venais d’assister à un spectacle qui m’eût perdue si j’étais restée une seconde de plus…

Me précipitant hors du fourré, je rejoignis la route en courant et, rencontrant mes deux camarades à ma recherche, je repris le jeu de cache-cache sans souffler mot de ce que j’avais vu. Je prétendis m’être égarée à leur poursuite ; elles attribuèrent mon bouleversement à l’ardeur de ma course et ne se doutèrent de rien d’autre.

Rentrée à la maison, je ne cessai de penser à la scène du fourré. Les belles fesses nues étaient restées devant mes yeux, ouverts maintenant, je le savais, sur un monde encore inconnu hier. Surtout un monde d’idées, de désirs, d’aspirations, de sensations ! En même temps qu’il me semblait que cette découverte ne faisait que confirmer la connaissance d’un secret que depuis deux ans je pressentais…

Oui, le secret qui venait de m’être révélé, je le connaissais par intuition, du jour où j’avais entendu une mère menacer sa fille d’une bonne fessée. Ce secret, c’était celui-ci, et je le savais maintenant avec certitude :