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BRASSÉE DE FAITS

belle ! À seize ans, je n’y coupais pas. Chaque fois qu’elle trouvait que je le méritais, chaque fois que la travaillait une colère à passer sur quelqu’un autre que papa, j’avais sur les fesses. La dernière reçue d’elle, c’est à dix-huit ans, trois mois, comme je vous l’ai dit. Vous demandez si elle aimait cela ? Eh bien, je crois que oui, car autrement elle ne m’en aurait pas donné autant.

Il est vrai que c’est l’habitude là-bas. N’empêche que je n’ai pas connu de camarade ou de cousine qui y soit passée comme bibi. Car ce n’était guère ordinaire : à chaque instant ! Je ne crois pas pouvoir compter beaucoup de journées sans fessée, quand j’étais près d’elle. Si elle s’est arrêtée quand j’ai eu seize ans, c’est sans doute parce que, moi entrée en place, elle ne m’avait plus sous la main. Sûrement, ce n’est rien que pour cela.

Je vous ai dit combien elle était vigoureuse. Oh ! ce qu’elle était forte ! Il n’y avant pas à lui résister. Quand l’idée lui en venait, fallait que j’y passe. Souvent, pour peu de chose, et, des fois, je me demandais pourquoi. Du matin au soir, elle prenait du café. Des resucées, bien sûr : pas du café concentré tel que vous l’aimez ; mais de l’eau repassée sur le marc. N’importe, il n’y a rien d’énervant comme cela et je crois bien que c’est ce qui l’excitait encore. Dans le pays, toutes les bonnes femmes en prennent, de ce soit-disant café, de cette lavasse, et à plusieurs verrées, bien chaudes bien sucrées ! Maman n’était pas la seule.

Une voisine, elle aussi, fessait souvent ses deux filles, pas tout de même au point de maman. Ces deux-là.