Page:Idylles de Théocrite et Odes anacréontiques.djvu/113

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de vaches cornues revenait en mugissant vers les étables des Skopades, et les bergers des hospita­liers Kréônides faisaient paître des milliers de grasses brebis dans la plaine de Krannôn ; mais ils ne jouirent plus de ces biens quand leur âme fut tombée dans la barque vaste du morne Akhéron, et, privés de ces richesses nombreuses, durant de longs siècles, ils eussent dormi, oubliés, parmi les morts obscurs, si l’aède de Kôs, chan­tant des hymnes variés sur sa lyre aux nombreuses cordes, ne les eût illustrés parmi les hommes nés après eux, et n’eût célébré les rapides chevaux eux-mêmes qui leur avaient rapporté les couronnes conquises aux luttes sacrées. Et qui donc aurait jamais connu les chefs Lyciens, et les Priamides chevelus, et Cyknos blanc comme une femme, si les aèdes n’avaient chanté les guerres des anciens ? Odysseus, qui erra cent vingt mois parmi tous les hommes, et qui descendit vivant dans l’Hadès après s’être échappé de l’antre du Cyclope meur­trier, n’aurait pas en de gloire durable ; Eumaios, le gardien des porcs, eût été oublié, et Philoitios, le pasteur de bœufs, et le magnanime Laertès lui-