Page:Idylles de Théocrite et Odes anacréontiques.djvu/130

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pieds avec une moue de dédain ; et fière de sa beauté, me jeta un éclat de rire moqueur et orgueilleux. Et, aussitôt, mon sang bouillonna, et je devins rouge de dépit, comme la rose sous la rosée. Puis elle partit, me laissant la ; et j’ai le cœur plein de colère, parce que une mauvaise prostituée s’est moquée de moi qui suis beau.

Pasteurs, dites-moi la vérité : ne suis-je pas beau ? Un dieu m’a-t-il tout à coup transformé ? J’avais, ce me semble, quelque beauté qui fleurissait sur mes joues comme le lierre sur l’arbre. Mes cheveux descendaient de mes tempes, semblables à du persil, et mon front était blanc au-dessus de mes sourcils noirs. Mes yeux étincelaient comme ceux de la glauque Athana. Ma bouche n’était-elle pas comme du lait caillé, et ma voix aussi douce que le miel de la ruche ? Il est agréable de m’entendre, lorsque je joue de la syrinx, ou de la flûte, ou du roseau, ou de la flûte oblique. Sur la montagne, toutes les femmes disent que je suis beau, et toutes consentent à m’embrasser ; et cette citadine n’en a voulu rien faire, et elle s’en est allée sans m’écouter, parce que je suis bouvier ! Mais