Page:Idylles de Théocrite et Odes anacréontiques.djvu/22

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Finissez, Muses, finissez le chant bucolique. — Viens, ô Roi ! Prends cette belle syrinx à laquelle la cire a donné l’odeur du miel, et que mes lèvres ont assouplie, car voici qu’Éros m’entraîne vers l’Hadès.

Finissez, Muses, finissez le chant bucolique. — Ayant ainsi parlé, il se tut. Aphrodita voulut le ranimer, mais les Moires avaient cessé de filer, et Daphnis fut emporté par le courant, et l’abîme engloutit celui qu’aimaient les Muses, que ne haïssaient point les nymphes.

Finissez, Muses, finissez le chant bucolique. — Et maintenant, buissons et acanthes, couvrez-vous de violettes ! Que le beau narcisse fleurisse sur les genévriers, que toute chose se transforme ; que le pin donne des poires, puisque Daphnis meurt ! Que le cerf poursuive les chiens, et que les hiboux sortis des montagnes disputent le prix du chant aux rossignols !

Finissez, Muses, finissez le chant bucolique. — Et toi, donne le vase et cette chèvre, afin que de son lait je fasse des libations aux Muses. Adieu, Muses, mille fois adieu ! Je vous réserve des chansons plus douces encore.