Page:Idylles de Théocrite et Odes anacréontiques.djvu/242

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Que son œil soit noir et fier, mêlé de douceur, comme celui d’Arès et celui de Kithéré, et qu’il tienne en suspens entre la crainte et l’espérance.

Que sa joue rosée ait le duvet léger des pommes. Autant que tu le pourras, donne-lui le rouge de la pudeur.

Pour ses lèvres, je ne sais comment tu feras. Qu’elles soient belles et persuasives.

Enfin, il faut que cette peinture soit éloquente, bien que muette.

Que son visage soit grand. J’oubliais qu’il devra porter le cou d’ivoire d’Adônis.

Qu’il ait la poitrine et les mains d’Hermès, la cuisse de Polydeukès et le ventre de Dionysos.

Au-dessus de sa cuisse, là où brûlent des feux, je veux que tu peignes une puberté naissante qui invite Éros.

Mais ton art est impuissant à faire voir ce qui est cacbé : ses épaules, non moins belles. À quoi bon te décrire ses pieds ? Quel prix te faut-il ?

Peins donc cet Apollôn que voilà en Bathyllos, et, si tu vas à Samos, de ce Bathyllos tu feras un Apollôn.