Page:Idylles de Théocrite et Odes anacréontiques.djvu/57

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furieuse de la mer et fixe les yeux sur mon antre et sur mes troupeaux. J’ai tout bas excité ma chienne contre elle ; car, du temps que je l’aimais, celle-ci poussait de petits cris en allongeant le museau sur ses genoux. Peut-être, voyant que je persévère, m’enverra-t-elle un messager ; mais je lui fermerai ma porte, jusqu’à ce qu’elle jure de nous dresser un beau lit nuptial dans cette île. Je ne suis pas en effet aussi laid qu’on le dit. Certes, je me regardais dernièrement dans la mer calme, et ma barbe me parut belle, et belle aussi mon unique prunelle ; et je vis que mes dents éclatantes étaient plus blanches que la pierre de Paros. Et, pour n’être pas fasciné, je crachai trois fois dans mon sein, comme me l’a enseigné la vieille Kotykaris.

Damoitas, ayant ainsi chanté, embrassa Daphnis. Il lui donna une syrinx et en reçut une belle flûte. Damoitas joua de la flûte et le bouvier Daphnis joua de la syrinx ; et les génisses dansèrent sur l’épais gazon ; et nul d’entre eux n’avait vaincu : tous deux étaient invincibles.