Page:Idylles de Théocrite et Odes anacréontiques.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

route est la même et que le même jour nous luit, chantons une chanson pastorale ; peut-être que l’un de nous fera plaisir à l’autre. Car moi aussi je suis une des bouches sonores des Muses, et l’on dit que je chante admirablement. Mais je ne suis pas crédule, non, certes, et je ne crois surpasser ni l’irréprochable Sikélidas de Samos, ni Philétas. Je ne lutterais contre eux que comme la grenouille contre les cigales.

Je parlais ainsi à dessein ; mais le chevrier me sourit :

— Je te donne ce bâton pastoral, dit-il, parce que tu es un vrai fils de Zeus, fait pour la vérité. Je hais grandement l’architecte qui tente d’élever une demeure digne d’Oromédôn, haute comme une montagne, et je hais ces oiseaux des Muses qui s’épuisent à pousser des cris injurieux contre l’aède de Kios. Allons, Simikhidas, commençons à l’instant les chants bucoliques. Vois, ami, si cette petite chanson que j’ai faite dernièrement te plaît :

— Agéanax naviguera heureusement vers Mitylana, même quand le Notos chasse les flots écumeux sous les Chevreaux inclinés à l’occident,