Page:Idylles de Théocrite et Odes anacréontiques.djvu/82

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du bord, gardant au fond de son cœur, comme une flèche dans le foie, la plaie cuisante de la grande Kypris. Mais il découvrit le remède à son mal, et, assis sur les roches élevées, regardant la haute mer, il chantait ainsi :

— Ô blanche Galatéia, plus blanche à voir que le fromage, plus délicate que l’agneau, plus fière que la génisse, et dont la peau est plus luisante et plus ferme que le raisin vert, pourquoi rejettes-tu celui qui t’aime ? Tu viens ici lorsque le doux sommeil m’enchaîne, mais tu fuis à la hâte, comme une brebis qui a vu le loup blanc, lorsque le doux sommeil me quitte. Je t’ai aimée, jeune fille, lorsque tu vins pour la première fois avec ma mère cueillir des fleurs d’hyacinthe sur la montagne ; et je vous guidais, et, dès ce moment, je t’ai aimée, et je t’aime encore. Mais cela ne t’occupe point ; non, par Zeus ! tu ne t’en soucies nullement. Charmante jeune fille, je sais pourquoi tu me fuis : c’est parce que je n’ai qu’un sourcil velu qui s’étend sur mon front d’une oreille à l’autre, un seul œil et un large nez au-dessus des lèvres. Mais, tel que je suis, je fais paître mille brebis et je bois leur lait