Page:Idylles de Théocrite et Odes anacréontiques.djvu/90

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que cet enfant fut formé selon son cœur, et, grâce à lui, devint vraiment un homme.

Lorsque Iasôn, fils d’Aisôn, vogua vers la Toison d’or, accompagné des chefs choisis dans toutes les villes de l’Hellade, — le fils d’Alkmêna, l’héroïne de Midéa, le héros infatigable se rendit aussi dans la riche Iolkos, et Hylas monta avec lui sur le solide Argo qui ne fut point saisi par les mouvantes Kyanées, mais s’élança comme un aigle à travers l’abîme, entra dans le Phasis, et fit ainsi que ces écueils devinrent immobiles.

Au temps où les Pléiades se lèvent, quand le jeune agneau paît dans les champs écartés, et que le printemps s’enfuit déjà, la divine fleur des héros prit la mer, et s’embarquant dans le creux Argo, poussés par le Notos, atteignirent l’Hellespont le troisième jour, et s’arrêtèrent dans la Propontide où les bœufs usent les charrues à élargir les sillons des Kianes.

Descendus sur le rivage, ils préparèrent, par couples, le repas du soir. Plusieurs dressèrent un lit commun, car la prairie leur offrait une large couche, et ils y coupèrent le butôme aux feuilles pointues et l’épais souchet.