LA SAINT-PROPRIÉTAIRE
Amis, c’est aujourd’hui la Saint-Propriétaire.
L’heure vient de sonner ; déjà, le code en main,
Le maître a commandé : l’esclave doit se taire.
Payons, payons d’abord ; nous mangerons demain.
Comme il est fier, ce noir fantôme.
Sur son autel jadis tremblant !
À Paris, sa fête se chôme
À tout le moins quatre fois l’an.
Dans son temple, à l’or qu’on lui porte,
Le saint reconnaît ses amis.
Nul ne peut rester à la porte,
Mais à tous le jeûne est permis.
Amis, c’est aujourd’hui la Saint-Propriétaire.
L’heure vient de sonner ; déjà, le code en main,
Le maître a commandé : l’esclave doit se taire.
Payons, payons d’abord ; nous mangerons demain.
Si j’ai, malade ou sans ouvrage,
De mon pécule vu la fin,
Tranquille à mon sixième étage,
J’ai le droit de mourir de faim ;
Mais que je sois sans domicile,
En ce cas tout prétexte est bon,
Et sur le pavé de la ville
On ramasse le vagabond.