Page:Imbert - Chansons choisies.djvu/17

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Amis, c’est aujourd’hui la Saint-Propriétaire.
L’heure vient de sonner ; déjà, le code en main,
Le maître a commandé : l’esclave doit se taire.
Payons, payons d’abord ; nous mangerons demain.

À certain jour, à certaine heure,
Il pourra, ce maître exigeant,
Nous chasser de notre demeure ;
Mais nous rendra-t-il notre argent ?
Et pourtant, d’un cœur toujours ferme
Combattant la morte saison,
Nous avons sué, terme à terme,
Plus d’or que ne vaut la maison.

Amis, c’est aujourd’hui la Saint-Propriétaire.
L’heure vient de sonner ; déjà, le code en main,
Le maître a commandé : l’esclave doit se taire.
Payons, payons d’abord ; nous mangerons demain.

Ferons-nous, modernes ilotes,
De par la loi du talion,
Rendre gorge à tous ces despotes ?
L’agneau parfois devient lion…
Hélas ! nous n’avons que nos larmes ;
Nous implorons la pitié ; mais
On a vu pleurer des gendarmes :
Un propriétaire, jamais.

Amis, c’est aujourd’hui la Saint-Propriétaire.
L’heure vient de sonner ; déjà, le code en main,
Le maître a commandé : l’esclave doit se taire.
Payons, payons d’abord ; nous mangerons demain.