Page:Imbert - Chansons choisies.djvu/27

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Sa racine drageonne et trace,
Et sous ses rameaux triomphants
Surgit, pour propager sa race,
Une pépinière d’enfants.
Quand le vent agite ses branches,
Le poëte qui va songeant
Ne sait, à voir ces feuilles blanches,
Si c’est du givre ou de l’argent.

À l’heure où la nuit est sombre,
Écoutez au bord de l’eau :
Ce qui murmure dans l’ombre,
C’est la chanson du bouleau.

Peu jaloux du tremble ou du frêne,
Et mieux qu’eux abritant les nids,
Le bouleau seul a plus de graine
Que dix peupliers réunis,
Avant que l’hiver nous inonde,
On voit s’envoler par les airs
Sa semence dure et féconde
Qui repeuplera les déserts.

À l’heure où la nuit est sombre,
Écoutez au bord de l’eau :
Ce qui murmure dans l’ombre,
C’est la chanson du bouleau.

Mais enfin il tombe. À ta tâche.
Homme du nord ! Va : que crains-tu ?
Fends, scie et taille sans relâche
Le géant sur l’herbe abattu.
De cet arbre, que la nature
Livre à ton bras par trahison,