Page:Imbert - Chansons choisies.djvu/28

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Fais des timons pour la voiture
Et des balais pour la maison.

À l’heure où la nuit est sombre,
Écoutez au bord de l’eau :
Ce qui murmure dans l’ombre,
C’est la chanson du bouleau.

L’hiver ferme porte et fenêtre,
Et la bise ébranle nos toits :
Aussi bien que le bois du hêtre
Le bouleau réchauffe nos doigts.
Et si l’aubier dans l’âtre fume,
L’écorce enlevée à sa chair
Dégraisse, unit, tanne et parfume
Le cuir que Moscou vend si cher.

À l’heure où la nuit est sombre,
Écoutez au bord de l’eau :
Ce qui murmure dans l’ombre,
C’est la chanson du bouleau.

An printemps sa sève abondante
Se recueille à trois pieds du sol.
Le jus dans la cuve fermente
Et se transforme en alcool.
Le Russe en boit, perd l’équilibre ;
Il est ivre, il oublie, il dort.
Il est heureux : il se croit libre…
Au réveil, le knout et la mort !

À l’heure où la nuit est sombre.
Écoutez au bord de l’eau :
Ce qui murmure dans l’ombre,
C’est la chanson du bouleau. Bis.