Pour que le maigre pré qu’il broute
Dans un mois soit prêt au labour,
Le troupeau doit, coûte que coûte,
Fumer ses trois perches par jour.
Toujours veillant à la besogne,
Un ciel sombre ou clair, voilà notre toit.
Mais la nuit tombe, et le chien grogne ;
Allons, Pataud, tais-toi !
Le fils de la ferme voisine,
Quand je passe avec le messier,
À l’aspect de ma limousine
Se sauve en criant au sorcier.
Car on me redoute ou me raille,
Et par le hameau si je sors,
Tous les gamins, sotte marmaille,
Vont m’appelant jeteur de sorts.
Toujours veillant à la besogne,
Un ciel sombre ou clair, voilà notre toit.
Mais la nuit tombe, et le chien grogne ;
Allons, Pataud, tais-toi !
Jetteur de sorts ! Je voudrais l’être ;
Que je donnerais de bon cœur
Un peu plus de douceur au maître,
De patience au travailleur !
Dans la rue, au bout du village,
Je sais des gens bien malheureux :
Si des sorts j’avais le partage,
J’en garderai un bon pour eux.
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