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Page:Imer-Cuno - Au foyer romand, étrennes littéraires, 1906.djvu/156

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Quelquefois, dans un bruit d’écho qui l’accompagne,
L’hymne brutal s’enfonce et se meurt doucement
Dans la pâleur des pins couronnant la montagne,
Où les feux des bergers semblent des diamants.

Par sanglots étouffés sous le casque et le heaume,
Dans le frissonnement des pennons frangés d’or,
Le bardit se ranime et se prolonge encor
Sous la voûte tombale où dort l’aïeul-fantôme.

Dans la nuit éternelle et froide du caveau,
Abaissant à demi sa rigide paupière,
Un murmure a passé sur sa lèvre de pierre,
Le marbre a tressailli d’un étrange sursaut.

Car l’aïeul et ses fils apparus aux murailles
Sont aussi de la fête : Antoine le Hardi,
Petermann, qui brava la mort dans vingt batailles,
Et Pierre, l’allié des seigneurs de Tschudi.

C’est toute une famille, et c’est toute une race
Qui survit dans la toile où l’usure et le temps
N’ont pu ternir l’éclat bleuté de la cuirasse,
Ni souiller la blancheur des panaches flottants.

Le dernier, c’est Wuischard en sa beauté d’éphèbe,
Qui flanqua Beauregard, nid d’aigle, de deux tours,
Wuischard, que les manants attachés à la glèbe
Viendront traquer demain aux premiers feux du jour.