Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/119

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velles, de lord Frédéric, de l’homme pour qui, d’après son propre aveu, elle devait avoir un amour si violent ; toutes les marques de la joie la plus vive étaient peintes sur son visage, au moment où Dorriforth venait peut-être de lui ôter la vie. Miss Woodley sentit toute l’inconséquence de cette conduite, et elle en rougit ; mais Dorriforth, qui était bien éloigné d’avoir le moindre soupçon de son amour pour lui, ou de son indifférence pour milord, donna aisément une interprétation favorable à cet oubli, en lui disant :

« Vous voyez à ma contenance que tout s’est terminé heureusement, et vous me souriez d’avance, quoique je n’aie pas eu le temps de vous dire ce qui s’est passé. »

Cette réflexion rappela miss Milner à elle-même ; et pour réparer sa faute, elle chercha, d’un air contraint, à exprimer des craintes qu’elle ne sentait pas.

Il l’assura de nouveau que Frédéric était sain et sauf, « L’affront que je lui ai fait, ajouta-t-il, a été entièrement effacé par quelques gouttes de mon sang ; » et il porta la main à son bras gauche, qu’il tenait comme en écharpe.

Elle y jeta les yeux, et voyant l’endroit où la balle était entrée, elle poussa un cri involontaire et se laissa aller sur son fauteuil. Miss Woodley, au lieu de montrer cette tendre sympathie qui lui faisait toujours partager les moindres peines de la jeune Miss, lui dit : « Miss Milner, vous savez que milord Frédéric est plein de vie, il ne doit donc plus vous rester aucun sujet d’alarme ; » et elle ne s’empressa pas de lui présenter un flacon, ni de soutenir sa tête. Son tuteur la voyant près de s’évanouir, sans que son amie lui portât aucun secours, voulait lui en donner lui-même ; mais alors miss Woodley se hâta de le prévenir, et prenant miss Milner dans ses bras, elle assura Dorriforth que ce n’était qu’une de ces faiblesses auxquelles sa pupille