Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/118

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— « Assurément, dit madame Horton, car dès que milord Frédéric sera instruit de l’aveu fait par miss Milner, il doit oublier tout ressentiment. »

— « Quel est donc cet aveu ? demanda lord Elmwood. »

Miss Milner, pour ne pas entendre répéter ce qu’elle ne pouvait même se rappeler sans chagrin, se leva pour passer chez elle ; mais ses forces l’abandonnèrent ; elle retomba sur sa chaise, et il fallut que son amie et milord Elmwood la portassent dans son cabinet de toilette. Quoiqu’on l’y eût laissée seule avec miss Woodley, elle garda le silence près d’une demi-heure, et enfin la conversation commença entre elles, mais sans que le nom de Dorriforth fût prononcé une seule fois. Elles étaient devenues l’une et l’autre réservées et circonspectes ; toutes deux craignaient également de le nommer.

Les vanités du monde, le néant des richesses, le charme de la retraite et d’autres lieux communs firent, pendant près de deux heures, le sujet de leur entretien et non l’occupation de leurs pensées. La première fois que M. Dorriforth est enfin nommé, c’est par un domestique qui, ouvrant la porte avec vivacité, s’écrie : « M. Dorriforth, madame. »

Dorriforth entra aussitôt et s’approcha avec empressement de miss Milner. Miss Woodley vit briller sur le visage de son amie la joie et l’amour ; elle ne se leva pas pour céder sa place à M. Dorriforth, comme c’était sa coutume, quand elle était assise auprès de la jeune miss et que son tuteur venait pour lui parler. Il fut donc obligé de se tenir debout pour faire le récit de ce qui s’était passé dans son entrevue avec milord Frédéric.

Mais, transportée comme elle était du plaisir de revoir son tuteur plein de vie, elle oublia de demander des nou-