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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/121

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CHAPITRE XVI.


Miss Woodley était, de toutes les femmes, la moins capable d’abuser d’un secret ; mais elle ne l’était pas moins de partager, par une molle complaisance, le crime de son amie ; car, le meurtre excepté, elle n’en voyait pas de plus grand que cet amour, si jamais il était heureux. Peut-être sa raison eût pu lui dire que l’adultère avait des suites bien plus fatales à la société ; mais, pour une ame pieuse, quoi de plus horrible que le mot sacrilège ? Des promesses faites au ciel lui paraissaient plus sacrées que des engagemens contractés avec un homme. D’ailleurs, l’infidélité entre époux est devenue si commune, que l’habitude d’en entendre parler rend ce crime moins odieux à un esprit ordinaire ; mais des exemples de sacrilèges, elle n’en connaissait point qui n’eussent été marqués par la vengeance divine, et le châtiment miraculeux qui avait à l’instant suivi ces attentats, dévoués encore dans l’autre monde à des punitions éternelles, ne pouvait qu’augmenter l’horreur qu’ils lui inspiraient.

Ainsi cette miss Woodley qui pouvait, qui savait pardonner à miss Milner, était celle qui voyait sa passion de l’œil le plus sévère ; aussi résolut-elle de ne négliger aucun moyen, quelque rigoureux qu’il pût être, pour guérir sa malheureuse amie ; et ce qui lui faisait espérer de réussir, c’est qu’elle était bien sûre que cet amour, tout profond