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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/122

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qu’il était dans miss Milner, ne serait jamais partagé par son tuteur. Cependant, malgré sa confiance en M. Dorriforth, elle prit toutes les précautions possibles pour qu’il ignorât toujours les sentimens de sa pupille : elle désirait épargner à son ame tranquille le trouble où l’aurait jeté une pareille découverte ; elle ne voulait pas qu’il eût même à se défendre des atteintes de l’imagination, ni qu’il pût se reprocher la fatale passion que, sans le vouloir, il avait inspirée à sa pupille.

Elle engagea facilement son amie à veiller attentivement sur elle-même ; rien n’était plus conforme à la modestie naturelle de miss Milner ; mais il restait à celle-ci un dernier effort à faire, auquel elle était bien loin de songer : — je veux dire de se séparer absolument de son tuteur. Elle s’était dès le commencement livrée à son penchant, sans le moindre espoir de retour ; elle était préparée à ne jamais voir Dorriforth sous un rapport plus intime et plus cher que celui d’un tuteur et d’un ami ; mais ne le point voir du tout, — c’est à quoi elle n’était point préparée.

Miss Woodley réfléchit quelque temps sur la nécessité de cette mesure, avant de lui en parler ; mais elle la lui proposa ensuite avec une fermeté qui aurait fait honneur même au caractère de M. Dorriforth.

Pendant le peu de jours qui s’écoulèrent entre son aveu en faveur de milord Frédéric et cette proposition de miss Woodley, rien ne fut plus opposé, plus contradictoire que les résolutions que prenait miss Milner pour se soustraire au mariage qui la menaçait avec milord Frédéric, et pour cacher, en même temps, la passion honteuse dont elle brûlait ; elle fut même tentée une fois de déclarer qu’elle aimait sir Edward Ashton.

Dans le combat qui avait eu lieu entre Frédéric et Dorri-