Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/144

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diminuer sa passion, ne pouvait servir qu’à l’augmenter, quand même cette révolution eût réduit Dorriforth à la plus extrême indigence.

Au moment où il entra, elle n’eut pas la force de soutenir sa vue ; après le premier coup d’œil, elle détourna la tête. Encouragée par le son de sa voix, elle le regarda de nouveau ; enfin elle fixa tout à fait ses yeux sur lui.

« Ma cher miss Milner, lui dit-il à demi-voix et avec douceur, il m’est impossible de vous exprimer toute la joie que j’éprouve à vous voir absolument hors de danger. »

Mais ce qu’il ne lui était pas possible d’exprimer par ses paroles, ses yeux le faisaient très bien comprendre. Dans l’excès de sa joie, il saisit la main de sa pupille et la tenait entre les siennes. Il ne le savait pas, mais elle, elle le savait bien.

« Vous avez prié pour moi, milord, je n’en doute pas, » lui dit-elle, et elle sourit comme pour l’en remercier.

— « Oui, avec zèle, avec ferveur, » répliqua-t-il ; et la ferveur de ses prières sembla se répandre dans tous ses traits.

— « Mais je suis protestante, vous le savez, et si j’étais morte, croyez-vous que ma religion ne m’eût pas fermé le ciel ? »

— « Non, assurément, elle ne vous l’eût pas fermé. »

— « Mais M. Sandford ne pense pas ainsi. »

— « Il le devrait pourtant ; car s’il espère y aller lui-même, c’est surtout par la charité. »

Pour garder plus long-temps son tuteur auprès d’elle, elle paraissait disposée à prolonger l’entretien ; mais sa tendre et vigilante amie fit signe à milord Elmwood qu’elle pourrait en être fatiguée, et il se retira.

Avant de quitter Bath, il eut une seconde entrevue avec sa pupille, dont les forces étaient revenues si vite, qu’elle