Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/143

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désire vous voir. Celui que vous avez laissé malade à votre départ est mort il y a quelque temps. »

— « Et qui donc est le nouveau lord Elmwood, demanda-t-elle ? »

Miss Woodley hésita un moment, et répondit :

« Votre tuteur. »

— « Oui, oui, s’écria miss Milner, il était son plus proche héritier. — Je ne m’en souvenais plus. Mais est-il possible qu’il soit ici ? »

— « Oui, répondit miss Woodley d’un ton grave, comme pour tempérer cet élan de joie qui tout à coup anima les yeux languissans de son amie et la pâleur de son teint. Oui, comme il a su que vous étiez malade, il a cru de son devoir de se rendre auprès de vous. »

— « Il est bien bon, répondit-elle, et des larmes remplirent ses yeux. »

— « Vous plairait-il de voir milord ? demanda la femme de chambre. »

— « Pas encore, pas encore, répliqua-t-elle, laissez-moi me recueillir un moment ; » et elle jeta sur son amie un regard timide qui lui demandait ce qu’elle devait faire.

Miss Woodley put à peine soutenir cette humble, déférence à son jugement, qu’elle lisait sur le visage décoloré de la pauvre malade ; et lui prenant la main, elle lui dit tout bas : « Faites ce qu’il vous plaira. » Le moment d’après, milord Elmwood fut introduit.

Aux yeux de l’amour, toute situation nouvelle est toujours à l’avantage de l’objet aimé. Ainsi, l’acquisition d’un titre et d’une fortune immense rendait Dorriforth encore plus cher à la jeune Miss, non parce que de la fortune et un titre sont en effet des biens, mais parce que toute révolution dans la destinée de celui qu’elle aimait, au lieu de