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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/157

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tuelle ; elle se confina chez elle, et fit même refuser sa porte à tous ceux qui venaient la voir ; peut-être elle-même n’aurait-elle pu dire si ce parti qu’elle prenait était l’effet de sa mélancolie ou d’un reste d’espoir de plaire à son tuteur par cette conduite, paisible et cette vie retirée qu’elle savait être de son goût ; ce qu’il y a de sûr, au moins, c’est que son tuteur remarqua ce changement, et crut qu’il devait lui en parler et l’en féliciter.

Un matin qu’elle était à travailler avec miss Woodley, il entra chez elle ; il l’entretint d’abord de sujets indifférens, et sa pupille lui répondait d’une voix languissante et d’un ton abattu. Enfin il lui dit : « Peut-être me trompé-je, miss Milner ; mais il me semble que depuis quelque temps vous êtes plus pensive qu’à votre ordinaire. »

Elle rougit, comme elle faisait toujours quand il était question d’elle.

Il continua :

« Votre santé paraît entièrement rétablie, et pourtant j’ai observé que vous ne prenez plus de plaisir à ce qui vous en causait beaucoup auparavant. »

— « En êtes-vous fâché, milord ? »

— « Non, j’en suis charmé, au contraire, et j’allais vous en féliciter ; mais permettez-moi de vous demander à quel heureux hasard nous pouvons attribuer ce changement dans vos goûts ? »

— « Vous pensez donc que tout ce que je puis faire de bien ne doit être imputé qu’au hasard, et que je n’ai aucune vertu qui me soit propre ? »

— « Pardonnez-moi, je pense que vous en avez beaucoup… » Il prononça ces mots avec emphase, et elle rougit encore davantage.

Il reprit : « Comment puis-je douter des vertus d’une jeune personne, quand je les vois en ce moment empreintes